Au Kurdistan, la Turquie manque sa cible et s’attire les foudres de l’Irak

C’est un matin lourd à Suleymaniye, ce samedi 8 avril 2023. Un vent léger charrie ce sable fin des mauvais jours. L’air est pesant et les montagnes avoisinantes sont invisibles. Dans la ville, l’activité est normale quoique ralentie en ce 17ème jour de ramadan. En périphérie de la ville, les abords de l’aéroport sont calmes. Le vol à destination de Médine a décollé normalement dans la nuit. Rien ne laisse deviner qu’un attentat a eu lieu ici la veille. « Frappe aérienne », « bombe déposée devant une grille », voire « roquette iranienne », les rumeurs sont allées bon train avant que les détails ne soient communiqués dans la soirée. Mazlum Abdî, aussi connu sous le nom de Mazlum Kobanî, commandant suprême des Forces Démocratiques Syriennes, une coalition de milice dominée par des rebelles kurdes syriens, et Îlham Ahmed, co-présidente du Conseil exécutif de la région autonome du Nord Est Syrien (une entité non reconnue officiellement), se trouvaient effectivement à Suleymaniye et ont été la cible d’une attaque de drone. Le ministère de la Défense américain évoque l’attaque d’un « convoi », quand d’autres parlent de l’hélicoptère qui devait ramener les deux responsables kurdes syriens dans le Nord de la Syrie (Rojava). Dans les deux cas, du personnel militaire américain était présent sur les lieux de l’attaque, et aucune perte humaine n’est à déplorer. Aucune revendication n’a été faite pour l’heure, mais les regards se sont immédiatement tournés vers la Turquie. Cette attaque intervient en effet moins d’une semaine après que les autorités turques aient annoncé la fermeture de leur espace aérien aux avions en provenance et à destination de Suleymaniye le 3 avril dernier, cela pour une durée de...

L’or noir: un malheur de la population et une aubaine pour les corrompus

Bassorah, la troisième ville d’Irak, compte environ 2.7 millions d’habitants selon les chiffres officiels — en réalité la population est plus large. Les recensements inexacts et l’absence d’un système électronique capable de calculer avec précision l’immigration à Bassorah a notamment engendré une confusion quant à sa population exacte. Parmi les facteurs de d'immigration vers la "Venise du Moyen-Orient", on trouve notamment la recherche d'emploi dans le secteur privé, dans la construction ou bien les opportunités dans le secteur pétrolier. En effet, la province du sud du pays concentre un grand nombre de compagnies nationales et internationales exploitant plusieurs gisements d'hydrocarbures, une manne économique sans équivalent dans le reste du pays.   Malgré la présence de compagnies pétrolières et une attractivité économique...

L’écho du slogan « Jin, Jiyan, Azadi » atteint le Kurdistan irakien

Alors que les manifestations dans le Kurdistan iranien et dans le reste de l'Iran gagnent l'attention et le soutien du monde entier, la rivalité intra-kurde dans le kurdistan irakien (KRG) entre l'Union Patriotique du Kurdistan (UPK) et le Parti démocratique du Kurdistan (PDK) entravent la population dans l’expression de sa solidarité avec les manifestations outre-frontière. Ces contraintes sont d’autant plus accentuées par les liens politiques qu’entretiennent ces poids lourds de la politique kurde irakienne avec les États voisins.  Jina Amini (également connue sous son nom imposé par les autorités iraniennes de Mahsa Amini car l'Iran refuse de reconnaître les noms kurdes), était une femme kurde de 22 ans originaire de Saqqaz, qui aspirait à devenir avocate. Cependant, le régime de la République islamique d'Iran a mis fin à son rêve le 16 septembre 2022. Elle a été gravement battue alors qu'elle était détenue par la police des mœurs pour ne pas avoir correctement porté le hijab obligatoire. Malgré les tentatives du régime de cacher la cause du décès au public, l'histoire a finalement éclaté grâce à la journaliste Niloofar Hamedi, qui a ensuite été arrêtée pour avoir diffusé l’information. La nouvelle s'est vite répandue dans tout le pays et au-delà, déclenchant des émeutes dans toutes les villes kurdes d'Iran. Quasiment toutes les provinces du pays leur ont emboîté le pas, de Téhéran au Baloutchistan en passant par l'Azerbaïdjan et le Khouzistan. Dans toutes ces régions, les manifestants ont exigé la fin de la dictature théocratique, du patriarcat et du hijab obligatoire.  Simultanément, les Kurdes de la région du Kurdistan irakien ont tenté d’organiser des manifestations pour soutenir le peuple iranien et en particulier les provinces kurdes d'Iran qui ont été confrontées à une...

Le pétrole de Garmian

Garmian est un sous-district de la province de Sulaymaniyah et est par définition sous le contrôle du parti de l'Union patriotique du Kurdistan (UPK), dirigé par la famille Talabani depuis sa création en 1975. Ce sous-district est l'une des rares zones de la région du Kurdistan d'Irak (KRG) à contenir des champs pétrolifères. Comme tous les cantons de province de Suleymanyeh, Garmian est sous la coupe de cadres politico-militaires de l’UPK, dont Mahmood Sangawi, Adnan Hameimina et Ali Shahid Muhamad. Ces derniers ont longtemps joué un rôle décisif dans l’attribution des concessions pétrolières et ont également pris soin de profiter des dividendes produits par plusieurs compagnies locales d’exploitation des hydrocarbures.  Zone frontalière entre la région autonome du Kurdistan irakien et...

Bombardements de l’Iran au Kurdistan irakien : entre escalade de violences et risque d’escalade régionale

Deux mois après le meurtre à Téhéran de Mahsa Amini ; étudiante kurde iranienne de 22 ans battue à mort par les autorités iraniennes dans le huis-clos d’un commissariat pour avoir mal mis son voile ; la révolte continue en Iran tandis que la répression du régime des Mollahs s’accentue. Selon le dernier bilan de l’ONG Iran Human Rights (IHR), daté du 16 novembre 2022, 342 personnes ont été tués dans la répression menée par les Gardiens de la Révolution et cinq manifestants ont été condamnés à mort. Du côté du Kurdistan irakien, les deux grands partis révolutionnaires kurdes iranien en exil, le Komala et le PDKI, ont été visés à deux reprises par des drones et des missiles balistiques, le 28 septembre et le 14 novembre.  Le conflit entre l’Iran entre l’Iran et sa minorité kurde menacent d’ouvrir un nouveau front et de déstabiliser encore plus la région déjà témoins de nombreux conflits. Les tensions ne sont pas nouvelles et la relation entre Téhéran et les Kurdes n’a jamais été un long fleuve tranquille. Une lutte séculaire les oppose. D’un côté, le régime totalitaire islamique refuse d’accorder de quelconques droits aux Kurdes, de l’autre les partis séparatistes kurdes n’ont jamais vraiment abandonner leur lutte pour vivre à minima en autonomie comme leurs voisins kurdes irakiens chez qui ils se sont réfugiés. Les combats auraient fait plus de 30 000 morts côté kurde depuis la révolution islamique en 1979. En exil derrière la frontière naturelle des monts Zagros, les partis-milices des Kurdes iraniens espéraient échapper au feu de l’armée iranienne en se plaçant sous la double protection souveraine du Gouvernement régional du Kurdistan (GRK) et de l’Irak.  L’Iran menace directement les groupes kurdes...

Santé mentale

La violence tribale en Irak : une perspective psychologique

En Irak, les faits divers impliquant la violence sont routinières. Pour les Irakiens, il est rare qu'un jour passe sans qu’elle ne fasse surface. Si la violence politique attire le plus l'attention, c’est parce que la société irakienne reste profondément divisée en communautés. Néanmoins, la violence clanique représente elle aussi une proportion importante de ces actions violentes. En Irak, des armes légères ou lourdes sont utilisées dans les conflits claniques dans d’incessantes affaires de règlements de comptes sans que l'État ne parvienne à limiter leur circulation. Cet engrenage s’enclenche souvent pour des motifs frivoles, comme un désaccord sur la distribution des ressources économiques sur un territoire, ou simplement à cause d’une plaisanterie blessante entre deux personnes de clans différents.  Victimes...

Le harcèlement en Irak fait des ravages dans la société

Aux États-Unis, il faut noter que les 50 États ont tous adopté une loi anti-intimidation dans les écoles, le premier, étant la Géorgie en 1999, et plus récemment le Montana a adopté une loi anti-intimidation en avril 2015. Au Canada, c’est en 2012 qu’une loi a été adoptée par le gouvernement provincial du Québec pour lutter contre l'intimidation. Elle est entrée en vigueur la même année. l'Autriche a également imposé des lois aux enseignants avec un devoir légal de diligence pour assurer la sécurité et le bien-être de leurs élèves. Donc, les enseignants doivent se conformer professionnellement et éthiquement en intervenant dans les accidents d'intimidation. Les Philippines ont adopté la loi anti-intimidation de 2013, qui oblige toutes les écoles primaires...

Irak, année zéro de la psychiatrie 

En Irak, la dépression ou les maladies psychiatriques touchant pourtant de larges pans de la population, ne sont pas considérées. Elles sont même synonyme de honte et de faiblesse. Les rares structures médicales existantes n’offrent pas de soins adaptés à des hommes et femmes traumatisés par la violence de la société. À Sadr City, des murs barbelés s’étendent sur plusieurs centaines de mètres. À l’entrée principale de l'hôpital psychiatrique al-Rashid gardée par des hommes armés, le personnel du matin vient relayer l’équipe de nuit. À l’intérieur, des oiseaux prennent leur bain dans des marécages. Des voitures désossées parsèment l’enceinte. Au loin, quelques blocs de bâtiments grillagés apparaissent timidement au milieu de la verdure rampante. Deux silhouettes humaines émergent. Les deux...

Psychologie sociale, colère et politique au Kurdistan irakien 

Dans le Kurdistan irakien et de manière plus large, dans tout le Moyen-Orient, la colère est à l’ordre du jour. Cela est perceptible au travers des nombreux événements qui émaillent la région, qu’ils soient mineurs ou importants: manifestations, dynamiques migratoires, discours houleux dans les médias sociaux et taux de participation électoraux au nadir. L’auteur de ces lignes a choisi de se focaliser principalement sur la région autonome du Kurdistan irakien plutôt que sur l’Irak. Ces deux espaces sont intrinsèquement liés mais sont également très différents pour de nombreuses raisons. La spécificité du Kurdistan concernant la question de la colère en politique sera donc analysée dans cet article.  Malaise dans la modernisation Il va sans dire qu’une des caractéristique notable de la...

La violence tribale en Irak : une perspective psychologique

En Irak, les faits divers impliquant la violence sont routinières. Pour les Irakiens, il est rare qu'un jour passe sans qu’elle ne fasse surface. Si la violence politique attire le plus l'attention, c’est parce que la société irakienne reste profondément divisée en communautés. Néanmoins, la violence clanique représente elle aussi une proportion importante de ces actions violentes. En Irak, des armes légères ou lourdes sont utilisées dans les conflits claniques dans d’incessantes affaires de règlements de comptes sans que l'État ne parvienne à limiter leur circulation. Cet engrenage s’enclenche souvent pour des motifs frivoles, comme un désaccord sur la distribution des ressources économiques sur un territoire, ou simplement à cause d’une plaisanterie blessante entre deux personnes de clans différents.  Victimes oubliées Les victimes de la violence clanique ne sont pas seulement...

Politique

Le sursaut sadriste et la rue kurde

Pour les kurdes d’Irak résidant dans la région autonome du Kurdistan (GRK), l’établissement de leur autonomie en 1991 a engendré des dynamiques sociales et politiques qui les ont progressivement déconnectés de la communauté arabe irakienne. Dernièrement, les soulèvements impulsées par le leader chiite Moqtada al-Sadr ont été une nouvelle occasion d’observer le rôle plus ou moins passif des citoyens de la région du Kurdistan concernant cette énième crise politique qui risque une fois de plus de plonger le pays dans la guerre civile.  Après la guerre du Golfe, les régions kurdes du nord de l’Irak, également connues sous le nom de Bashuri Kurdistan , ont bénéficié d’une autonomie vis-à-vis du gouvernement central irakien. Sa capitale Erbil abrite son parlement, ses bâtiments ministériels et présidentiels, qui répondent aux besoins sécuritaires, juridiques,...

Crise politique irakienne: les minorités dans la tourmente

Les différentes composantes religieuses Irakiennes sont sorties fortement affaiblies de la crise politique actuelle qui secoue le pays. Ces tensions politiques poussent ces groupes ethniques et religieux au désespoir. Peu à peu s’installe la conviction qu’un avenir sombre les attend, tant elles paraissent incapables d’assurer leur existence politique ou sociale. Pour beaucoup de membres de ces communautés, l’immigration est la seule solution pour survivre. En Irak, les forces politiques prépondérantes — surtout les Kurdes et les chiites — ont réussi à coopter la représentation politique des minorités en les privant de toute influence concrète.   Les chrétiens, par exemple, ont le plus grand quota de représentants dans le parlement iraquien avec cinq députés - comparé aux autres composantes religieuses qui n'en ont qu’un...

L’Iraq au bord du gouffre: quel rôle joue l’Iran dans la rivalité entre Sadr et Maliki?

Alors que la tension persiste en Irak entre les militants du mouvement sadriste et leurs rivaux, la zone verte est le théâtre d’affrontements violents que seul l'ayatollah al Sistani semble être en mesure de stopper. Pendant que les partis milices comptent leurs gains et leurs pertes, les rues des villes irakiennes sont de nouveau maculées de sang dans une atmosphère de chaos et de destructions. De leur côté, les institutions gouvernementales menacent de s’effondrer à l’aune de ce énième bras de fer politique où l’État de droit est bafoué sans que les responsables n’aient à aucun moment à rendre compte de leurs actes. Néanmoins, une analyse peut s’avérer fructueuse en vue de cerner les racines de la rivalité entre...

Environement

Le Kurdistan : d’une région verte à un lieu désertique

Sur notre planète il n’existe pas un pays dont la nature n’ait pas été soumise à des agressions. Les humains sont les auteurs et les témoins des dommages qu’ils infligent à la nature. Ils voient chaque année brûler et partir en fumée des forêts entières. Considérés comme les poumons de notre planète, les espaces verts ne cessent de se rétrécir, notamment sous l’effet des incendies. Ici, dans la Région du Kurdistan irakien, le constat est on ne peut plus tragique. Dans cette petite région du monde, les forêts et la végétation semblent condamnées à la destruction. Notre environnement naturel est détruit depuis ciel et à partir de la terre : la nature se meurt. Bienvenue dans la Région des forêts qui...

Pénuries et salinisation: les problèmes d’eau inondent Bassorah

Du fait de la corruption et de sérieuses négligences de la part des autorités locales à Bassorah, la ville de l’eau et du pétrole, surnommée la perle de l’Irak ou la Venise du Moyen-Orient, a été déclarée ville sinistrée l’été 2018. Cela est dû à la contamination de ses sources d’approvisionnement en eau potable ainsi qu’aux dysfonctionnements que connaissent la plupart des stations d’épuration de la région. Suite à l’usage d’eaux usées par les infrastructures de la ville, des dizaines de milliers d’habitants ont souffert d'intoxications sévères à l’époque. Le gouvernement avait alors promis une enquête sérieuse afin de dévoiler les causes de ce désastre. Trois ans après les faits, toutefois, les résultats de l'enquête n’ont toujours pas étés annoncés et les promesses faites de résoudre la crise n’ont...

Les chiffonniers de Bagdad: entre misère et catastrophe sanitaire

Alors que la mafia irakienne a investi dans le business des déchets, les patients affluent dans les hôpitaux, enfants en tête. Le trafic de déchets génère beaucoup d'argent en Irak à travers un partenariat entre agences gouvernementales et opérateurs privés peu scrupuleux. Entretemps, les organismes de réglementation se réfugient dans le silence. Dans le camp Al-Rasheed, les habitants tirent leur subsistance en récoltant des déchets dans les décharges que la municipalité de Bagdad négocie pour 10 000 dinars irakiens (moins de  sept dollars) par jour. En Irak, le travail des mineurs n'est pas nouveau; il est presque banal. Mais ce qui est nouveau en la matière, c'est l'exploitation des enfants dans un commerce véritablement sale, dans tous les sens du...

Les marais irakiens: un dépérissement programmé

Les marais irakiens forment la plus vaste zone humide de l'Asie occidentale. De manière saisonnière, les "Ahwars" (le nom local des marais irakiens) voient la qualité et le niveau d’eau fluctuer. Ces marécages en aval du bassin fluvial du Tigre et de l'Euphrate, à cheval entre la république islamique d'Iran et l'Irak ont de tout temps abrité un écosystème exceptionnel et permis le développement d'un mode de vie singulier et fragile. Désormais, une succession de sécheresses en Mésopotamie doublée d'une gestion calamiteuse de l'eau et de la protection de l'environnement menacent de leur porter un coup fatal. Emblématique de la relation intime des hommes et de la nature figure un animal: le buffle des marais. Très dépendant d'une eau à la fois abondante et saine, les buffles voient aujourd'hui leur...

Elections

Le courant de Tishreen, l’avant-garde démocratique irakienne

Des mouvements au service de l'avenir Les soulèvements d’octobre 2019 ont généré des rassemblements de masse sans précédents dans huit gouvernorats du centre et du sud de l'Irak. Teintés de sang et de larmes, ces marches populaires se sont progressivement structurées en mouvements de contestation organisés, alors que le gouvernement continuait de faire la sourde oreille face aux revendications de réformes. Face à une répression sans précédent, les regards se sont tournés vers le mouvement Tishreen pour passer à l'action et proposer des solutions politiques en relation avec les revendications de la rue. Aux élections qui s’ensuivirent, la base populaire du mouvement Tishreen a su se mobiliser et poursuivre son initiative d'auto-organisation afin de sortir du modèle politique classique faisant...

Après les élections, le nouveau parlement garde ses vieilles habitudes

Bien que les dernières élections aient modifié l’équilibre de pouvoir dans le Majlis al-Nuwab (le parlement irakien), la bataille politique n’a rien apporté de plus qu’une nouvelle impasse. En effet, les espoirs portés par de nombreux irakiens de réformer rapidement l’État ont été vite douchés lorsque l’ancien establishment, qu’ils rejettent, a prouvé qu’il était résilient et a conservé une majorité des sièges de l’hémicycle.  Du fait des spécificités de la constitution irakienne, cette nouvelle impasse sera dure à dépasser. En effet, les blocs du parlement se partageant les 329 sièges doivent former une majorité pour former un gouvernement. Cet objectif s’est toujours avéré laborieux à atteindre et fragile à maintenir. Dans une démocratie fonctionnelle, à l’annonce d’un résultat électoral, les vainqueurs sont rapidement reconnus. La transition se doit d'être vite...

À al-Anbar, le nouveau code électoral a-t-il rebattu les cartes?

Dans la province d'al-Anbar, les électeurs, répartis sur les 380 centres de vote de la province, étaient attendus pour élire 15 parlementaires, dans quatre circonscriptions. Le remaniement des districts électoraux causé par la mise en place du nouveau codé électoral a divisé la province occidentale de l’Irak en quatre zones, au lieu de l’entité unique précédente. Cette évolution devait permettre à des candidats locaux de faire surface et de concurrencer les poids lourds locaux de la politique. Al-Anbar et les élections Dans la province d'al-Anbar, les électeurs, répartis sur les 380 centres de vote de la province, étaient attendus pour élire 15 parlementaires, dans quatre circonscriptions. Le remaniement des districts électoraux causé par la mise en place du nouveau codé électoral...

Aux élections irakiennes, les espoirs déçus des minorités

Le 10 octobre dernier, les irakiens se réunissaient pour élire les 329 nouveaux députés duMajlis al Nuwab, le parlement, lors d’élections législatives anticipées. Celles-ci furentorganisées par le gouvernement irakien afin de calmer la colère de la rue irakienne durantles manifestations d’octobre 2019. Parmi les sièges parlementaires à pourvoir, neuf sont attribués aux minorités selon la nouvelle loi électorale adoptée en novembre 2020. Le nouveau code survient après les manifestations d’octobre 2019, qui ont poussé l’ex-premier ministre Adel Abdul Mahdi à la démission avant qu’il ne soit remplacé par l’actuel premier ministre Mustapha Al-Kadhimi en mai 2020. Ce nouveau code, qui redéfinit entre autres les circonscriptions électorales, est un changement significatif du processus électoral irakien. Les minorités y ont notamment vu une chance de renforcer leur représentation au sein des institutions...

Femmes

L’institutionnalisation de l’inégalité des genres en Irak

Bien que les familles irakiennes soient généralement dirigées par des hommes, des études ont montré que celles menées par des femmes sont plus vulnérables à la pauvreté. Selon un rapport du Programme des nations Unies pour le développement (PNUD), les familles dirigées par des femmes et ne recevant pas d'argent de la part de leurs proches (et donc d'hommes) ont des taux de pauvreté plus élevés. Les femmes sont également plus susceptibles de se retrouver au chômage. En comparaison des hommes, elles sont plus souvent sujettes aux réductions des aides sociales ainsi qu'à l'insécurité alimentaire en raison de leur faibles niveaux de revenu total. « Accoucher et élever des enfants » Selon une étude menée par la Banque mondiale en 2007,...

Les crimes d’honneur en Irak: un cauchemar sans fin

Bassora, au sud de l'Irak : une ville riche en or noir et dominée par les miliciens. La capitale provinciale s'embrase régulièrement dans des conflits tribaux tout en restant soumise aux partis religieux fidèles à l'Iran depuis l'invasion américaine en 2003.Bassora abrite le seul accès de l'Irak à la mer, sur les rives du fleuve Shatt al-Arab, qui coule dans le golfe Arabo-persique. Ce hub hautement stratégique est devenu un point de transit pour la contrebande et l'importation de marchandises diverses. La ville de Bassora est riche en or noir et dominée par les miliciens. La capitale provinciale s'embrase régulièrement dans des conflits tribaux tout en restant soumise aux partis religieux fidèles à l'Iran depuis l'invasion américaine en 2003. Elle abrite le seul accès de l'Irak à la mer,...

Au fourneau: les femmes irakiennes à l’assaut des métiers masculins

Elles ont brisé les restrictions et défié les normes sociales… De nombreuses femmes Irakiennes sont contraintes d’exercer des professions habituellement monopolisées par les hommes. Travailler dans des métiers difficiles est un moyen pour elles de gagner leur vie. Certaines d'entre elles travaillent dans des briqueteries à la périphérie de Bagdad et d'autres pratiquent des métiers normalement réservés aux hommes comme la mécanique automobile. Dans les briqueteries de la région de Nahrawan, au sud de Bagdad, des dizaines de femmes ainsi que des enfants travaillent, la plupart d'entre elles étant contraintes de le faire pour assurer la subsistance de leur familles suite à des drame. Des milliers de ménages irakiens ont ainsi perdu leurs hommes sur le champ de bataille, et...

Crimes d’honneur, virginité et chirurgie en Irak

Beaucoup d'Irakiennes pratiquent la reconstruction d'hymen par chirurgie. Cela est du à des traditions sociales strictes qui exigent que les femmes gardent leur "trésor" intact jusqu'au mariage. En un sens, ce phénomène met en lumière la schizophrénie de la société irakienne qui associe la chasteté et l'hymen de la femme à l'honneur et la dignité de toute sa famille. Cette fine membrane, le « talisman » que les jeunes femmes doivent exhiber devant leur nouveau mari, est la « marque » de leur chasteté, de leur pureté et une preuve qu'elle sont parvenues à se protéger de tout comportement sexuel « illégal », jusqu'à leur mariage. La virginité est une ligne rouge dans la société irakienne autour de laquelle de nombreux...

Etre femme dans les Ahwar: le défi de l’émancipation

Umm Kazem se fraie un chemin entre les roseaux. La sexagenaire passe l’essentiel de son temps dans les marais irakiens, aussi appelés les “Ahwars”. Chaque jour, elle y récolte du lait pour ses clients. Cette résidente du district de Chebaysh (70 km au sud-est d’al Nasiriyah, la capitale de la province de Dhi Qar) emploie encore le Mashhoof; une barque traditionnelle des marais, pour s’enfoncer profondément dans les eaux des Ahwars, avant de rentrer chargée du précieux lait de buffle. Après la vente de ses produits au marché, elle peut enfin rentrer chez elle avant de reproduire le même cycle le lendemain. Umm KazeUmm Kazem vend du lait de buffle depuis plus de 12 ans. Ce lait rare est la...

Le drame des Yézidies continue de hanter le Sinjar

Sinjar est un district de la province de Ninive situé à l’est de Mossoul dans le désert irakien proche de la frontière syrienne. C’est le berceau de la communauté yézidie. Il est entouré de tribus arabes. Sur le mont Sinjar, on retrouve des petits villages peuplés de yézidis. En 2014, ce site a été le théâtre d’un terrible génocide orchestré par les combattants de l’Organisation État Islamique (OEI). C’est le plus récent des génocides subis par cette communauté. “Puisque la tragédie est noire, le chagrin l’est aussi, ainsi que la mort... et parce que le massacre a également été commis par des hommes vétus de noir, cet événement doit être relaté en noir”. Ainsi s’exprime le journaliste et militant Khadr Al-Domali dans son livre, La peste noire, qui recense l’histoire...

Contrebande

La contrebande des antiquités menace le patrimoine irakien

Dhi Qar est l'un des gouvernorats contenant le plus de sites archéologiques en Irak. Leur importance historique, scientifique et archéologique est immense selon les experts en fouilles qui ont visité la province. Ceux-ci ont découvert des dizaines de monuments qui ont façonné notre vision moderne de la Mésopotamie. Dans le gouvernorat de Dhi Qar, il existe plus de 1200 sites archéologiques d’époques variées réparties à travers les millénaires. Ces sites sont répartis sur toute la surface de la province. Certains sont proches des centres urbains alors que d'autres ne sont que simples tumulus perdus dans les zones rurales. Ces dernières zones ne sont généralement pas protégées et, au fil du temps, elles subissent des pillages de plus en plus fréquents. Les...

La drogue en Irak : une fléau qui paralyse la société

La police des frontières irakienne et les forces de sécurité sont incapables de prendre les mesures appropriées pour lutter contre la contrebande et la fabrication de drogue. En raison de la situation instable en Irak, le pays est devenu un point de passage majeur pour la contrebande de stupéfiants vers les pays voisins. Ce constat troublant n’est pas récent et pré-date même l'invasion de l'Irak par les États-Unis en 2003. À cette époque, une coalition internationale dirigée par les américains a envahi l'Irak dans le but officiel de renverser le régime Baasiste dirigé par Saddam Hussein.Par la suite, le vide sécuritaire qui a englouti le pays a considérablement accru le problème du trafic de drogue. L'incapacité des forces de l'ordre à contrôler tous les passages frontaliers a permis à l'Irak...

Le trafic de monnaie en Irak: le trou noir de l’économie publique irakienne

L’été dernier, l'écrivaine et blogueuse Hiyam Al-Khuzai publiait un tweet, rappelant que la lutte contre la corruption nécessitait de mettre un terme à la vente aux enchères de devises, à la contrebande de pétrole, et enfin de contrôler les ports et les postes frontières du pays. Cette prise de position remettait sur le devant de la scène la question des ventes aux enchères de devises en Irak, un business opaque à la limite de la légalité et qui coûte des millions de dollars au gouvernement tous les ans. Depuis la formation du nouveau système politique en Irak après l'invasion américaine en 2003, deux modèles économiques cohabitent dans le pays: un système libéral de marché ouvert s’est ajouté au système socialiste...

Le trafic d’organes s’étend en Irak

Des décennies de guerre en Irak ont engendré un quasi-effondrement des institutions nationales. La compétition pour le pouvoir ainsi que les faibles performances des gouvernements, la corruption rampante et un chômage endémique ont exacerbé de sérieux dysfonctionnements du gouvernement et des forces de sécurité. Cette situation a facilité l’expansion du crime organisé et international, notamment du trafic d’organes, un phénomène de plus en plus apparent ces dernières années. Ali Al-Hussein, un père de cinq enfants, se rappelle le jour où des trafiquants l’ont approché. Tourmenté par la santé de sa fille qui souffre d’insuffisance rénale, Ali venait à peine de sortir de l'hôpital Al-Khayal, où se trouve un laboratoire spécialisé dans cette maladie. Sa fille avait besoin d’un don de rein rapidement afin de guérir et de mettre un terme...

Le Fléau du trafic de médicaments en Irak

À première vue, les flux de biens et de personnes entre l’Irak et les pays voisins semblent relativement normaux et sous contrôle. Toutefois, un fléau silencieux menace le pays et s’immisce à travers les frontières: la contrebande de médicaments. Le trafic de médicament s’appuie sur des intermédiaires des deux côtés des frontières et inonde le marché noir, mais aussi des pharmacies et des fournisseurs médicaux irakiens en contrefaçons ou produits périmés. Le trafic de médicaments a une longue histoire qui commence avec les sanctions imposées sur le pays en 1991. Ces sanctions, qui ont causé des milliers de morts, ont stimulé la contrebande entre l’Irak et les pays voisins qui perdure jusqu'à aujourd'hui. La transition d’un État basé sur un...

COVID-19

Comment le COVID-19 a stimulé la solidarité féminine à Ninive

Comme dans chaque gouvernorat en Irak, Ninive a mis en place des mesures de précautions sanitaires. Mais du fait des destructions endurées pendant la guerre contre l’organisation État Islamique (OEI), certaines spécificités de cette région ont rendu la campagne sanitaire encore plus difficile et ont montré à quel point le gouvernement n’était pas prêt à affronter la crise de manière efficace. Pour pallier les effets de cette catastrophe meurtrière, de nombreuses femmes de Mossoul et de ses faubourgs, loin de baisser les bras, ont pris part à des projets humanitaires et sociaux. La pandémie a donc permis aux femmes de Ninive de faire preuve d’une créativité inspirante malgré la faillite gouvernementale quant à la gestion de la pandémie.  Les femmes face...